C'EST
FORT LA FRANCE !
Presse et Blogs littéraires
Livres Hebdo,
Jean-Claude Perrier :"Petit Pilou"
Mollat TV, Vidéo : "
Paule Constant : C'est fort la France! "
La République des Pyrénées,
Renée Mourgues : "La blanche plume Gallimard"
La Provence,
Jean-Rémy Barland: "Paule Constant ou l'Afrique au cœur"
Babelio.com, Jean-Claude
Bologne : "C'est fort la France ! de Paule Constant"
Le Républicain lorrain, Michel Genson : "Brousse"
L'Express, Marianne Payot : "La tribu des Blancs"
Le Nouvel Observateur, Claire Julliard : "Mme Bovary en Afrique"
La Revue, D.M. :
"Bienvenue à Batouri"
France-info, Philippe
Vallet, "Le livre du jour : C'est fort la France ! "
France-Inter, Paula Jacques:"Cosmopolitaine : C'est fort la France ! de Paule Constant"
Le Point, Valérie Marin La Meslée : "Retour au Cameroun"
The Lion, Pierre Schavey: "Plaisir de lecture : C'est fort la France !"
Le Figaro littéraire, Patrick Granville : "Faune africaine"
L'Hebdo, Isabelle Falconnier : "Et vive la France"
Pèlerin, E. C. :"C'est fort la France ! de Paule Constant"
Le Soir, M. Py :"Deux versions d'une même réalité"
France 3. fr, Olivier Barrot :"Un livre, un jour"
Librairie Thuard, Jean : "C'est fort la France ! Paule Constant"
La Plume francophone, Sandrine Meslet : "Histoires coloniales"
L'Humanité, M.S. : "Les Afrique fantômes d'une dame blanche"
Nouvel Obs/Des livres et moi, M.D. Godfard : "Paule Constant, la bête à humour"
La Cause Littéraire, Theo Ananissoh : "C'est fort la France !, Paule Constant"
Le Courrier (Genève), Eugène Ebodé : "Paule Constant, l'espiègle"
Accents des Bouches-du-Rhône, C. C. : "Oui, c'est fort la France !"
Céline Malraux : "Mon livre du moment : C'est fort la France!"
Yassi Nasseri : "Les souvenirs de ma réalité"
Livres Hebdo, 23 novembre 2012. (original)
Petit Pilou
L'auteur d'Ouregano,
Paule Constant, revisite son enfance, et son roman.
Le déclic de ce livre fut, semble-t-il, une lettre que reçut Paule
Constant à la suite de la publication d'Ouregano,
en1980. Son premier roman, où elle racontait son enfance africaine, passée
dans un village du Cameroun où son père était médecin-chef militaire.
Naturellement, comme tout écrivain, elle y mêlait éléments authentiques et
fiction, et livrait le jugement de la petite fille qu'elle était alors sur
les épisodes et les personnages de cette tragi-comédie sur fond colonial.
Mais voilà que sa lectrice, où elle reconnut sans peine madame Dubois,
veuve de l'administrateur minable du village, contestait sa version des
faits, et ne reconnaissait pas, dans l'Ouregano de l'écrivain, le Batouri
où elles s'étaient connues. Excellente occasion, pour Paule Constant, de
revisiter les faits, de rétablir certaines "vérités", et, partant,
d'inviter le lecteur à un jeu littéraire très prisé de nos jours : tenter
de démêler le vrai du faux Le résultat donne C'est
fort la France !, un nouveau livre virtuose dont le titre
même indique la tonalité générale : pince-sans-rire.
A Batouri donc, dans les années 1950, il y avait les Constant, venus en
Afrique par convictions humanistes et anticolonialistes, et qui ne vont
pas tarder à s'affronter avec les tout-puissants Dubois. L'administrateur
ridicule, caricature du petit fonctionnaire colonial, qui finira par
mourir de son alcoolisme. Sa femme, pathétique, qui se conduit comme si
elle vivait à Yaoundé ou à Dakar, alors qu'elle ne règne que sur un trou
paumé de brousse au milieu de nulle part, et sur quelques boys qui la
méprisent. Même Djébé, son préféré, qu'ils ont recueilli enfant et qui
fait office de majordome. C'est lui qui dira un jour : "C'est fort la
France !", pour faire plaisir à sa patronne en train de lui vanter quelque
prodige de la mère-patrie.
Parmi les autres protagonistes, madame Tong, tenancière de bistrot et
inventeur des fameuses ssandales, la famille Bodin, l'infirmier et sa
tribu sauvage, semblables à des bonobos, Alexandrou, épicier à "La
Ressource de l'Africains" et trafiquant notoire, ou encore le pasteur et
sa femme. Un couple un peu bizarre, qui a décidé de vivre "à l‘africaine",
avec les autochtones. Erreur fatale : ils se coupent des Occidentaux sans
s'intégrer à la population, choquée. C'est d'ailleurs la mort du pasteur,
au cours d'un accident de chasse mystérieux (provoqué ?), qui sonnera le
glas de la petite communauté, préfigurant la fin de l'Empire français en
Afrique.
Bien des années après, Paule Constant, que sa mère appelait "Petit Pilou",
consent à revoir madame Dubois, à Paris, dans le sombre appartement de la
rue Oudinot -juste en face de l'ex-"Ministère des Colonies"- où elle
vieillit, confite dans ses objets d'Afrique, restes de sa splendeur
passée.
Une femme qui, pensant servir la France, "avait tout faux", parce
qu'elle ramait à contresens de l'histoire L'écrivain, en proie à une
espèce de tendresse paradoxale, la suivra jusqu'à la fin, comme si elle
enterrait ainsi définitivement sa propre jeunesse
C’est fort l’Afrique !
Jean-Claude Perrier
Mollat TV, 11 décembre 2012.
Paule Constant : C'est fort la France ! (video, 4 min 24)
La République des Pyrénées, 29 décembre 2012
La
blanche plume Gallimard
Interview par Renée Mourgues
La Provence, 4 janvier 2013. (original)
Paule Constant ou l'Afrique au cœur
L'Aixoise publie "C'est fort la France !", nouveau roman en forme de mentir –vrai
Tout d'abord, la couverture de C'est
fort la France! nouveau roman que Paule Constant publie chez
Gallimard. Une photo, où elle apparaît enfant tenant dans ses mains un
oiseau. Ensuite une allusion directe à son roman Ouregano
publié en 1980, auréolé des impressions enthousiastes d'un certain
Jean-Marie-Gustave Le Clézio, prix Nobel de littérature. Enfin l'évocation
de l'émission Apostrophes, où elle se retrouva en face d'un certain Jean
Cau.
Tous les éléments autobiographiques se retrouvent d'autant plus réunis que
l'auteur raconte qu'un jour, suite à cette émission télé, elle reçut une
lettre d'une femme signant madame Dubois, lui reprochant de s'être moquée
dans ce roman des "charmes de la vie coloniale".
On ouvre donc C’est fort la France!
en se persuadant u'il s'agit d'une fiction en forme de récit intime,
nourri d'éléments vrais tirés de l'existence de l'écrivaine aixoise.
Raccourci rapide, qui fait oublier que souvent en littérature "je est un
autre". Usant du mentir-vrai romanesque dans ce nouvel opus, Paule
Constant invente et construit un monde plus vrai que nature. Ce en restant
fidèle à l'idée que: "tout le travail du romancier est de donner une
logique à des événements reçus dans le désordre" et en passant son temps à
ordonner des situations ordinaires et contraires.
Roman passerelle et résurgences africaines
Point de lettre de Madame Dubois donc, une émission d’Apostrophes qui
s’est passée autrement, mais un roman ample, qui est une plongée dans la
vie de madame Dubois et dans ses vrais-faux souvenirs. En racontant le
destin de cette femme épouse d’un administrateur du Cameroun, qu’elle est
censée avoir connue enfant, la narratrice signe un texte passerelle entre
tous ses autres livres. Il y est question de la souffrance du peuple
africain, du martyre et de l'éloge des animaux (on en trouve des quantités
de toutes les tailles), et des rapports que l’on entretient avec le monde
des livres.
Grande lectrice de Pierre benoît, Madame Dubois semble une héroïne sortie
d’une fiction de François Mauriac. Etranglée de solitude au départ, elle
paraît insupportable de snobisme, mais au fil du récit elle devient
touchante, voire bouleversante d’authenticité.
En s’inventant une autre enfance que la sienne, et en créant une foule de
personnages hétéroclites, dont un inoubliable pasteur, et un peintre guide
de conscience, Paule Constant décrit des lieux comme Batouri au Cameroun,
dont elle restructure les contours géographiques.
Et elle signe un roman d'une beauté douloureuse. Un roman-monde en fait,
qui sous des allures de comédie dramatique parle de la condition des
femmes, de l'éternel désir d'amour des· humains, et de l’inaltérable quête
de sens.
Jean-Rémi Barland
C'est fort la France ! de Paule Constant
En 1980, le premier roman de Paule Constant, Ouregano,
évoquant les souvenirs d'enfance d'une petite Française dans un village du
Cameroun à l'époque de la colonisation, avait fait l'objet d'un plateau
d'Apostrophes consacré à l'Afrique noire vue par les romanciers. À ses
côtés, Jean Cau, Tierno Monénembo, William Sassine et André Brink, à
partir de parcours différents, évoquaient des images contradictoires. Or,
l'un des participants avait vécu à la même époque et dans le même village
que la romancière, mais ne s'était pas reconnu dans un personnage de son
roman. Il y a de quoi s'interroger sur la transmission de la réalité par
la fiction. L'interrogation ne dure guère et les chemins se séparent. «
Nous nous sommes croisés à l'intersection de deux routes qui nous ont
conduits chacun ailleurs. »
Mais trente ans plus tard, une lettre outrée de la femme de
l'Administrateur, lui reprochant d'avoir travesti la réalité, restitue
soudain l'édifice immense du souvenir cher à Proust. Une rencontre permet
de comparer les mémoires ; elle aurait pu tourner à la nostalgie
postcoloniale ; elle enclenche au contraire une prise de conscience sur la
mémoire et la littérature. « C'était comme si on m'avait redistribué les
cartes que je connaissais mais que j'avais rangées dans le mauvais ordre
», se rend compte la narratrice, que nous n'appellerons pas Paule
Constant, la distanciation entre roman et réalité étant précisément au
centre de ce livre. Ce qui pour elle n'était que des anecdotes
pittoresques s'éclaire sous un autre jour. Un accident de chasse ne
cache-t-il pas un meurtre ? le progrès, notamment médical, apporté par
l'Occident n'est-il pas un leurre ? C'est une autre histoire qui se
rebâtit alors avec les mêmes matériaux.
Cette interrogation sur la fiction romanesque reste très discrète dans ce
roman, qui n'a nullement besoin de références aux précédents livres de
l'auteur pour être lu avec délectation. Mais ce sont les pages qui
marquent le plus, car elles soulèvent un problème fondamental pour l'homme
: celui du regard, de la prise de conscience, du rapport à la vérité. La
narratrice se rend compte qu'elle a fixé ses souvenirs par la voie
littéraire : la « pauvre petite Pasteure » qui ne lui avait pas été utile
a disparu de sa mémoire. Il y a pire que d'entrer à titre de personnage
dans un univers romanesque, se dit alors la romancière, c'est de ne pas y
entrer du tout, et d'être exclu de l'espace de fiction « aussi infime
qu'il soit, parce que le seul ressenti comme vrai ». D'autres événements
en revanche sont présents, mais ont été changés. Souci du politiquement
correct ? Tel est le reproche que lui adresse l'administratrice, Madame
Dubois. Non, répond la romancière, mais « souci de cohérence romanesque
que la réalité observe rarement. » C'est « le travail des romanciers », de
« donner une logique à des événements reçus dans le désordre. » Certes,
mais n'y a-t-il pas une idéologie inconsciente derrière cette réécriture ?
Le plus touchant, dans cette prise de conscience, est celle de madame
Dubois, qui apparaît en creux dans le dialogue, mais qui en a conservé une
impression plus forte : entrant à l'hôpital pour ne plus en sortir, c'est
la narratrice que la vieille dame, isolée, fait appeler à son chevet. «
C'est ma romancière, elle seule sait ce qu'il faut faire, elle sait ce qui
est bien pour moi. » Quel plus bel hommage la réalité peut-elle rendre à
la fiction ?
Au-delà de cette réflexion, on appréciera, dans ce roman, la justesse avec
laquelle sont reconstituées les atmosphères d'une époque et d'un lieu
révolus. le lieu est Batouri, avec ses quatre collines qui « se narguent »
comme les quatre châteaux forts du pouvoir blanc : l'hôpital, l'école, la
résidence, l'orphelinat. Les invitations tournent de colline en colline,
la nuit, « on devinait aux lumières qui les couronnaient l'intensité de la
vie sociale des uns et des autres, les invitations auxquelles chacun se
rendait puisqu'une colline particulièrement lumineuse entraînait du coup
l'extinction d'une ou deux autres. » le temps est celui d'une Afrique à
l'âge où se rencontrent deux mondes incompatibles. La nuit y est « un
tunnel qu'il fallait franchir d'une seule traite. » On ne peut mettre un
bras hors de la moustiquaire, un pied à terre, on doit attendre « au mieux
le sommeil, au pire le jour ». Le médecin organise une dîner des lépreux
pour prouver qu'il n'y a pas de contagion à craindre. La tenancière du
bistrot y emploie une guenon comme serveuse. Elle décapsule les bouteilles
de ses dents et ne comprend pas qu'on puisse commander autre chose qu'une
bière…
Sur tout ce monde règne Madame Dubois, bien plus que son mari. Paule
Constant en trace un portrait touchant, ni complaisant, ni moqueur. Celui
d'une femme de petite bourgeoisie sincèrement éprise de son mari,
consciente de son rôle et destinée à le remplir malgré tout. Au milieu
d'un monde qui ignore tout de la culture occidentale, il faut faire comme
si tout était normal, maintenir les traditions de la diplomatie française
: « cette femme si courageuse passait son temps à banaliser le monde, à le
réduire par la force des mots à un modèle lointain ». Oui, il faut savoir
commander un vol-au-vent et une compote de pêches et reconnaître bien
sincèrement ce qu'on a demandé dans ce qu'on vous sert. Oui, il faut
acheter une ménagère en argent gravée aux initiales d'un René et d'une
Françoise pour les faire passer pour des couverts au chiffre de la
République Française. Oui, il faut pouvoir, en toute bonne foi, s'indigner
du chapeau des visiteuses (« C'est une offense à la République. Ce n'est
pas moi qu'elles viennent visiter mais la France qui les reçoit ») et se
retrouver désarmée devant les bonnes âmes d'Europe, qui lui reprochent de
ne pas parler africain, alors qu'il y a des dizaines de langues
différentes dans la région et qu'il faut se résoudre au « petit nègre »
pour être compris. Touchante, l'administratrice, avec son manuel de
cérémonies pour les colonies, dont le chapitre intitulé « Recevoir un
prélat en brousse » est du plus haut comique. Touchante, parce que la
grande cérémonie à laquelle elle se prépare depuis toujours tourne au
désastre et au rapatriement d'urgence. Et parce que toute seule dans une
chambre de bonnes où elle continue à représenter la France, elle reste
fidèle à une jeunesse que personne ne peut plus comprendre. le roman
fonctionne parfaitement dans le décalage amusé, mais jamais méprisant,
entre ces deux France qui ne peuvent se rejoindre. La phrase qui lui a
donné son titre, remise dans deux contextes différents au début et à la
fin de l'ouvrage, résume alors d'une façon foudroyante le grand malentendu
qui s'est prolongé trente ans.
Jean-Claude Bologne
Le Républicain lorrain, 20 janvier 2013
Brousse
Un Administrateur, un médecin-chef, une poignée d'autres petits
fonctionnaires regroupés autour de l'hôpital et de la léproserie. C'est le
modeste contingent de Blancs cantonnés à Batouri, minuscule poste de
brousse perdu au fin fond du Cameroun, au temps joyeux de l'Afrique
occidentale française. Autour d'eux, la maladie du sommeil décime les
populations. Mais ils tiennent bon, vaille que vaille, ignorant le monde
qui les entoure, continuant à jouer, de dîners en "goûters chapeaux",
la comédie d'une vie à l'européenne, avec ses usages et ses masques. Ce
jusqu'au drame, la mort du Pasteur encorné au cours d'une chasse au
buffle.
Avec C'est fort la France!
Paule Constant revisite de façon bien habile le village et le thème
qu'elle avait abordés dans Ouregano,
roman qui marquait son entrée en littérature. Elle imagine, des années
plus tard, la rencontre fortuite entre la narratrice - elle-même - et l'un
de ses personnages, Madame Dubois, épouse de l'Administrateur. Toutes deux
vont confronter leurs souvenirs. Le tout débouchant sur une évocation
féroce et drôle, attendrie aussi, de ces colons perdus, acharnés à faire
vivre et durer "la fantastique histoire de la France, entre utopie
nationale et légende dorée".
Michel Genson
La Tribune de Genève, 22 janvier 2013
Paule Constant retourne en Afrique avec « C’est fort la France! »
La romancière se lance dans l’autofiction en réchauffant
ses souvenirs. Peut-on voir la colonisation et sa suite d’un œil
objectif?
C’est une scène d’un autre âge. Nous sommes au Cameroun, vers 1955. Dans
la maison de l’Administrateur, pompeusement qualifiée de «Résidence»,
Madame Dubois tance son boy. La dame lui fait remarquer que les couverts
sont «mis à l’anglaise.» Les pointes de fourchettes devraient reposer sur
la nappe, lourdement amidonnée. «À la française, s’il te plaît». Madame
Dubois semble d’ailleurs en représentation perpétuelle. Normal! Elle
représente la France.
Cette image coloniale hante la narratrice de C’est
fort la France!.Une écrivaine ressemblant fortement à Paule
Constant, qui donne ce nouveau roman chez Gallimard. A la sortie de son
premier livre, celle qui s’appelle ici Brigitte a reçu une lettre couverte
d’une grande écriture verte. Il lui en est arrivé d’autres au fil des ans.
Brigitte a mis du temps à comprendre qu’elles émanaient de Madame Dubois,
rapatriée en métropole. La dame, désormais très âgée, lui reprochait de
n’avoir rien compris à l’Afrique d’alors. De quoi susciter des curiosités
et des doutes.
Doute généralisé
Des doutes, la narratrice en éprouve depuis longtemps. La bonne conscience
de ses parents, médecins de gauche égarés dans la brousse, lui semblait
aussi absurde que celle des colonisateurs. Brigitte va donc rendre visite
à Madame Dubois chez elle, puis plus tard à l’hôpital. Elles vont beaucoup
parler, ravivant des souvenirs n’ayant souvent rien de commun. D’où un
doute généralisé. «Il n’y a pas de vérité, mais des points de vue», écrit
Paule Constant à la fin de son ouvrage.
Il faut dire que le cas de Madame Dubois gêne un monde postcolonial
jugeant désormais tout de manière manichéenne. Cette fille de paysans
normands n’a simplement pas épousé le bon fonctionnaire. Si Monsieur
Dubois avait été parmi les premiers de sa promotion, il serait resté au
Ministère, à Paris. Quelques places plus bas au palmarès, il serait parti
en Indochine. Un peu moins bien noté et c’eût été une capitale africaine.
Seulement voilà! Devenu plus tard alcoolique, le monsieur s’en était mal
sorti. Batouri, au Cameroun! Un endroit impossible, où la lèpre sévissait
encore vers 1950.
L’abattage du buffle
Rien ne s’était bien passé dans ce trou, alors que Madame Dubois comptait
ses petites cuillères en argent. Une désastreuse campagne de vaccination
avait provoqué des gangrènes. L’abattage d’un buffle, coupable d’avoir tué
le pasteur local, avait ravivé des haines tribales. Et puis la
décolonisation était venue. Les Dubois avaient été lâchés par Paris. Il en
est mort. Elle se bat depuis pour une rente de veuve. D’un seul coup, tout
le monde est devenu anticolonialiste. Pour Madame Dubois, c’est comme
quand la France entière s’était découverte résistante en 1944.
Le récit ne caresse pas l’opinion actuelle dominante dans le sens du poil.
Il met, et consciemment, mal à l’aise. Il le fait d’autant plus que Paule
Constant a longtemps vécu en Afrique, et que ce qu’elle dit du présent va
déplaire. Comment se fait-il que l’ami camerounais de la narratrice
enseigne les littératures francophones du Continent noir et qu’elle-même
n’est censée parler à l’Université que d’écriture féminine? N’avons-nous
pas engendré de nouveaux ghettos et de nouveaux racismes?
Passé revisité
Le lecteur est heureux de retrouver Paule Constant. La dame, qui approche
de la septantaine, a finalement peu produit. Onze romans depuis 1980, date
où elle publiait l’Ouregano
africain servant de point de départ à cette nouvelle fiction. On se
souvient que Paule avait reçu le Goncourt en 1998 pour Confidence
pour confidence. Un livre curieusement assez faible. Elle
n’avait plus rien publié depuis 2007.
Son récit actuel entrecroise, comme il se doit, le présent et un passé
doublement revisité. Les souvenirs ne sont pas sûrs. Leur interprétation
encore moins. L’écriture est simple. Factuelle. Elle coule. Bref, un bon
roman.
Etienne Dumont
L'Express, 30 janvier-5 février 2013
La tribu des Blancs
A partir de ses propres souvenirs africains d'enfant de
la coloniale, Paule Constant tisse une fiction des plus réjouissantes.
Quel début d'année pour Paule Constant ! Acte I : la romancière
d'Aix-en-Provence publie C'est
fort la France ! , une superbe fiction, lointaine grande sœur
de son tout premier roman, Ouregano
(1980), fruit de son enfance dans l'Afrique des années 1950. Acte II : la
lauréate 1998 de chez Drouant est élue à l'unanimité à l'académie Goncourt
au fauteuil de Robert Sabatier, "un ami de trente ans"... "Le hors norme
de l'Afrique ne peut s'appréhender qu'à travers l'humour", écrit sa
narratrice. Paule Constant a bien retenu la leçon. Quoi de plus
jubilatoire,de plus subtil que ce récit mettant en scène une poignée de
coloniaux œuvrant au fin fond du Cameroun !
Batouri. A peine un village, entre savane et forêt, à quelque 400
kilomètres de Yaoundé, "riche" d'une léproserie, d'un hôpital et d'un
orphelinat. C'est ici que règne, sur trois ou quatre tribus en conflit
permanent et une petite colonie française hétéroclite, l'administrateur,
Monsieur Dubois. Avec ses jambes courtes, son gros ventre et son penchant
pour les alcools forts, le fonctionnaire au casque blanc ne porte pas
vraiment beau. Reste que Madame Dubois tient à son rang de "Première dame
de Batouri". De Noël (avec de la neige et une crèche vivante) au 14
juillet (déguisements obligatoires) en passant par moult
"goûters-chapeaux" à la Résidence, c'est, n'oublions pas, "la France qui
reçoit". D'une naïveté gentiment ridicule, convaincue de "la mission
civilisatrice des territoires sauvages"par notre beau pays, Madame Dubois
s'arc-boute sur ses utopies tandis qu'autour d'elle, tout se déglingue :
une mystérieuse épidémie de gangrène gazeuse décime la population, le
pasteur meurt sous la charge d'un buffle, l'infirmier se fait trucider...
Derrière l'humour, Paule Constant, qui a passé la majeure partie de sa vie
outre-mer, cache une vraie tendresse envers ces fonctionnaires coloniaux,
aussi décriés en Afrique que déclassés en France. Du grand art !
Marianne Payot
Le Nouvel Observateur, semaine du 31 janvier au 6 février 2013.
Mme Bovary en Afrique
Paule Constant, qui a grandi au Cameroun, se souvient d'une Française qui
voulait civiliser les indigènes. Un roman corrosif.
Son enfance africaine, Paule Constant l'a racontée dans son premier roman
Ouregano, une charge virulente
contre le colonialisme. Trente ans plus tard, elle revient sur ses pas
pour offrir une vision plus nuancée de l'histoire. A l'origine du livre,
ses retrouvailles supposées avec Mme Dubois, la femme de l'administrateur
de Batouri : elle l'accuse d'avoir "craché dans la soupe" qui
l'avait nourrie. Dès lors, l'auteur décide de faire revivre Mme Dubois au
temps de sa splendeur.
Arrivée au Cameroun pour y suivre son mari, la native d'Yvetot entend bien
y exercer sa mission civilisatrice. Ignorante et bovaryste, elle joue les
Parisiennes et raconte son pays à son boy Djebé sous des couleurs des plus
chatoyantes - d'où l'expression de ce dernier "C'est fort la France!" Sans
jamais rien comprendre à l'Afrique, elle y impose ses propres coutumes,
dont les "goûters-chapeaux", où les invitées se doivent d'arborer
un couvre-chef. Mme Dubois puise sa science mondaine dans un "Guide à
l'usage des femmes de fonctionnaires de la coloniale", lequel dispense
d'indispensables conseils sur la façon de recevoir un prélat en brousse
... La folie de cette femme émouvante et ridicule emporte ce roman
débridé. D'autres personnages extravagants le traversent, tels l'énorme
Alexandrou dans sa boutique capharnaüm, le calamiteux Bodin, responsable
de la léproserie, ou la douteuse bistrotière Mme Tong. Et enfin le pasteur
dont la fin tragique – il est encorné par un buffle - constitue le point
d'orgue du récit.
Paule Constant ne cherche pas à donner une suite logique aux événements.
Elle restitue plutôt le maelström d'émotions vécues par une fillette dans
une enclave peuplée de personnages faibles et brouillons. Qui se
suspectent mutuellement d'être des bons à rien dont la métropole s'est
débarrassée en les affectant dans un trou perdu.
Malgré le désir affiché d'adoucir l'aspect corrosif du premier roman, ce
nouveau livre se révèle au contraire d'une rare férocité. Paule Constant
réussit à rendre attachants certains de ses personnages. Cependant elle
finit par les dépecer, comme la foule en colère s'acharne sur les corps
mêlés du buffle et du pasteur. La grâce du texte réside cependant dans sa
légèreté et sa drôlerie. Car, écrit-elle, "l'immensité, le hors-norme
de l'Afrique ne peut s'appréhender qu'à travers l'humour". Humour
qu'elle a vu pratiquer chez les Africains durant cette enfance mouvementée
qui fournit le terreau de sa vocation d'écrivain.
Claire Julliard
La Revue (57 bis rue d'Auteuil, 75016 Paris), février 2013
Bienvenue à Batouri
II arrive que le seul titre d'un livre suscite une irrésistible envie de
le lire. Tel a été le cas, pour l'auteur de ces lignes, du dernier roman
de Paule Constant. Le titre au demeurant trouve son explication dès la
deuxième page. L'histoire se passe à l'époque de la colonisation française
en Afrique. Madame Dubois, la femme de l'administrateur de Batouri, dans
l'Est du Cameroun, essaie de décrire à Djébé, son boy, la magnificence des
vaches de sa Normandie natale : hauteur au garrot, ampleur de la croupe,
volume des mamelles. Jusqu'à ce que le domestique, convaincu par la
démonstration, lâche cette phrase : « C'est fort la France. »
Le texte de Paule Constant, Prix Goncourt 1998 avec Confidence
pour confidence, est en fait une suite de son premier roman,
Ouregano, paru en 1980 (chez le
même éditeur). Tout part d'une lettre que la dame Dubois précitée lui a
envoyée pour lui reprocher la manière dont elle avait, dans ce livre,
largement autobiographique, raillé la colonisation française dans ce coin
perdu du Cameroun à la veille de l'indépendance. Confrontant ses souvenirs
à ceux de la veille femme, dont elle devient la confidente, l'auteur fait
revivre la vie de la communauté blanche, ses contradictions, ses rites
surannés, ses tragédies. Comme cet épisode où un pasteur canadien, parti
chasser le buffle pour fournir de la viande à la léproserie du village,
est tué par un animal qui s'est retourné contre lui. Au final, la
narratrice garde son point de vue sur le monde colonial, qu'elle décrit
avec une ironie féroce. Cela ne l'empêche pas de restituer avec une
certaine empathie l'univers de la femme de l'administrateur que seul
l'amour des bêtes et des plantes ancre dans un terroir qui lui reste
totalement incompréhensible.
Dans ce livre à aucun moment ennuyeux, l'intensité dramatique du récit est
servie par une écriture d'une élégance rare.
D.M.
France-info (www.franceinfo.fr), 9 février 2013
"Le livre du jour : C'est fort la France ! de Paule Constant"
L'histoire n'est jamais douce avec ceux qui l'ont faite.
C'est ce que rappelle Paule Constant dans son nouveau roman. Elle vient
d'être élue à l'Académie Goncourt. Un face à face entre deux femmes très
différentes : l'une a représenté la République dans l'Afrique coloniale
tandis que l'autre, devenue romancière, était une petite fille de médecin
attentive et sensible à ce qu'elle voyait. Deux regards sur la
colonisation et la décolonisation. Un roman d'une virtuosité
époustouflante, plein d'humour et politiquement incorrect.
Interview
Philippe Vallet
"Cosmopolitaine : C'est fort la France! de Paule Constant"
• Présentation :
Les romans, par définition, disent toujours la vérité.
Leur subjectivité est la garantie de cette vérité. Ainsi, le regard de
l'écrivain, transformé au fil des ans en souvenir, puis transcendé,
devient littérature.
Mais que se passe-t-il lorsque la littérature vient se heurter aux intimes
convictions d'un personnage extérieur à elle? Que se passe-t-il lorsque la
vérité de l'écrivain exhume les souvenirs d'un personnage oublié? Et bien
cela donne encore un roman, une nouvelle vérité, une interprétation
enrichie du regard de l'autre. C'est en tout cas ce qui s'est passé
lorsque Madame Dubois a lu Ouregano,
publié en 1980, et qu’offusquée elle s'est fendue d'une lettre dénonçant
le mépris de l'auteur vis- à-vis de la France coloniale.
Et nous voilà projetés à Batouri, une toute petite ville du Cameroun à 400
kilomètre de Yaoundé. Étrange fruit de la maladie du sommeil, puisqu'elle
est née d'une antenne
médicale ayant pour objectif de combattre le trypanosome. Plus tard, elle
s'est enrichie d'une léproserie et d'un orphelinat.
Quant à la maladie du sommeil, elle semble toucher à sa manière certains
membres des colonies. La fautive n'est alors pas la mouche tsé-tsé, mais
bien l'idéalisation de la métropole, le fantasme d'une mission patriotique
accomplie sous forme de don de soi. C'est en tout cas dans cette profonde
léthargie que semble avoir sombré madame Dubois, qui n'est autre que la
femme de l'administrateur de Batouri ...
Régnant sur cette petite colonie où les tribus sont en conflit permanent,
perdue dans les contradictions inhérentes à sa condition, Madame Dubois
distribue des compliments aux sages élèves de l'orphelinat, se montre
bienveillante vis-à-vis du personnel dont elle s'enorgueillit d'avoir fait
l'éducation, et rêve de chapeaux à fleurs, de service à thé, et de
réceptions sous le soleil flamboyant du drapeau tricolore.
L'écrivain, qui a passé une partie de son enfance au cœur de cette même
colonie, fille d'un médecin engagé et idéaliste, revisite son passé à la
lumière des propos de cette étrange vieille femme qui suscite en elle tant
la perplexité que la raillerie mais aussi la compassion et la tendresse.
Nous découvrons alors l'envers d'un décor que l'on croyait blanc ou noir,
en réalité teinté de gris et de claires obscures.
Un roman tel un voyage dans le temps, où le jeu des miroirs déformants de
la mémoire est admirablement reconstitué par l'écriture précise,
harmonieuse et élégante de Paule Constant,
qui, avec beaucoup d'humour, tendresse et férocité raconte un monde
aujourd’hui révolu mais qui hante toujours notre belle histoire de France.
Madame Dubois, droite dans ses bottes, luttera corps et âme pour
entretenir les traditions de sa belle République. S'acharnant à dicter les
codes d'une bienséance n'appartenant plus depuis fort longtemps à aucun
monde.
Mais que voulez-vous, on s'accroche à ce qu'on peut. Pouvez-vous
convaincre un noyé que se débattre est peine perdue ?
Marie-Madeleine Rigopoulos
Retour au Cameroun
Paule Constant, Prix Goncourt 1998, renoue avec l'Afrique.
Trop fort !
Paule Constant est entrée en littérature en 1980 avec Ouregano,
roman de son enfance camerounaise. Elle reprend aujourd'hui la route de
l'Afrique dans un livre auquel la distance et le travail du temps donnent
une profondeur remarquable, sans que la vivacité de l'écriture y perde.
Dans C'est fort la France ! , l'auteur s'est choisi un double :
une romancière prénommée Brigitte, qui a signé jadis un roman incisif sur
la vie coloniale dans les années 50 à Batouri, au fin fond du Cameroun. A
l'époque, une lectrice lui écrivit pour lui reprocher une vision jugée
partiale. Et lui envoya d'autres lettres. Les années passent jusqu'à ce
que l'écrivain recon naisse en elle l'un de ses personnages : Mme Dubois,
l'épouse de l'administrateur colonial. Elle lui rend visite : leurs
échanges vont nourrir ces pages, entre l'Afrique et la France, le passé et
le présent, mais aussi entre la fiction et la réalité - ou plutôt les
réalités, si différentes, selon les points de vue...
Forte de ce dialogue, la narratrice, qui a grandi dans ce coin perdu
d'Afrique entre un père médecin et une mère fantasque aux idées d'avant
garde, met au jour des épisodes de son enfance qu'elle avait occultés dans
son roman par incompréhension des conditions de vie d'un poste colonial.
Son regard ne cesse d'évoluer, notamment sur son interlocutrice, Normande
déracinée rêvant pour sa «Résidence» d'un train de vie digne d'une
ambassade, et que son
fidèle boy remplira d'aise le jour où, après qu'elle lui a vanté la beauté
des campagnes françaises, ce dernier
lui répond : « C'est fort la France ! »
C'est fort la France ? Assez fort aux yeux de cette femme qui considère
l'avoir servie sans démériter. Au nom de quoi cette romancière a t-elle pu
la juger ? Comment survit-on de part et d'autre aux mensonges de la
colonisation ? Ce sont les questions majeures de ce livre dont les
descriptions cocasses et tragiques des années camerounaises alternent avec
la gravité des confidences parisiennes. Ainsi « scénarisé », le recul de
l'écrivain pris sur l'intime, l'histoire et l'écriture n'en est que plus
poignant. Au bout du compte, seule et malade, la vieille dame désignera
ainsi sa confidente au médecin : « C'est ma romancière, elle seule sait ce
qu'il faut faire. » Du pouvoir de la littérature.
Valérie Marin La Meslée
Plaisir de lecture ... C'est fort la France !
Une écriture chaleureuse et colorée.
Un portrait fort, ironique et féroce.
Paule Constant retrouve ici le souvenir de sa vie en Afrique, qui avait
inspire son premier livre Ouregano
(1980), White Spirit (Grand
Prix du roman de l'Académie Française 1989) et Balta
(1983). Sa narratrice (qui lui ressemble beaucoup), une romancière née en
Afrique, retrouve en France Madame Dubois qui l'a connue trente ans plus
tôt au Cameroun. Madame Dubois reproche a la romancière d'avoir fait dans
son roman Ouregano une peinture caustique de la vie coloniale.
Dans un récit à la chronologie bousculée, Paule Constant évoque les
épisodes de ces vies parallèles. Le père de la narratrice, médecin intègre
et idéaliste, est confronté aux exigences matérielles de l'administrateur
Dubois. Autour d'eux, s'agite un microcosme artificiel qui possède ses
codes, ses traditions et son folklore. Un monde où se côtoient
incompétence et rivalités, mondanités dérisoires et misère, maladies et
épidémies face a un inquiétant manque de moyens, croyances tribales et
illusion de mission civilisatrice. Paré d'une écriture chaleureuse et
colorée, cela
donne un portrait fort, ironique et féroce d'un univers teinte d'exotisme
et nimbé du parfum suranné d'une epoque déjà lointaine.
Pierre Schavey
Le Figaro littéraire, 21 février 2013
Faune africaine
PAULE CONSTANT. Le microcosme colonial vu avec les yeux de l'enfance.
JAMAIS la verve de Paule Constant
n'est aussi explosive que lorsqu'elle évoque son enfance africaine. Alors,
elle devient la sœur du Céline de la Bambola-Bragamance dans Voyage
au bout de la nuit. Trente-trois ans après Ouregano
qui dépeignait une petite fille dans la brousse camerounaise, elle revient
sur un personnage emblématique, Madame Dubois, épouse de l'administrateur
colonial qu'elle retrouve à Paris bien après les événements. C'est
l'occasion d'une confrontation des souvenirs. Mais la mémoire, chez le
romancier, est une occasion de solliciter l'imaginaire plus riche encore
de réalité.
Paule Constant nous offre par bonheur autant de versions vraies de son
enfance que Duras de son amant chinois. Les créateurs inventent toujours
la verite profonde ! II s'agit d'éclaircir aussi un autre malentendu. Car
la romancière a donné a l'époque, semble-t-il, une satire de la mission
civilisatrice de la France. Mais c'est surtout de l'homme fondamental que
Paule Constant cloue le portrait, colonie ou pas. Sa radicale cruauté est
la !
Désastre burlesque
L'avantage du microcosme colonial est de grossir le carnaval humain par un
effet de loupe. Il faut dire que maman Dubois est pathétique, dans son
effort désespéré de sauvegarder l'étiquette et la légende de la patrie au
fin fond du Cameroun inconnu. Parade une faune ahurissante. Comme cette
restauratrice Madame Tong qui tient le Miammiam-glou-glou. Sa
guenon pelée sert l'apéro. Cette Indochinoise s'est surtout enrichie en
faisant tailler par les lépreux des chaussures de caoutchouc dans des
pneus usés. Car dans la pénurie générale, chacun y va de ses trafics.Le
tenancier du bazar, de mèche avec un médecin marron, vend à la léproserie
des médicaments de contrebande et de la viande de zébu étique. Un duel
oppose le père de la narratrice qui tient l'hôpital et l'administrateur,
le mari de Madame Dubois. Les deux ethnies locales se crêpent le chignon.
Ce cocktail tournera à l'émeute et à la tuerie après une chasse au buffle
mémorable... Seul un poulet tout nu, oui, déplumé mais vivace, concentré
dans la foudre de son œil survit, lui, apocalyptique, à un assaut de
fourmis. C'est une scène édifiante de cette saga des tendresses !
Les adultes ne peuvent bien sûr imaginer comment la narratrice, petite
fille, a vu tout cela. Une source de traumatismes tus et de phobies
robustes qui vous transforment en romancière féroce et comique. Car le
burlesque marche avec le désastre. Fille de médecin, Paule Constant
connaît les lèpres et les doses, elle nous administre la fiole létale.
L'Afrique, comme on sait, est une partie ou souvent tout le monde perd.
Seul ce roman furieux est victorieux.
Patrick Grainville
L'Hebdo (Suisse), 14 février 2013
Et vive la France
Paule Constant replonge dans les colonies de son enfance. Épatant.
Le tout premier Paule Constant, paru en 1980, s'intitulait Ouregano
et plongeait dans ses souvenirs de gamine élevée dans la brousse des
colonies africaines. Trente ans plus tard, après une carrière impeccable,
un Femina, un Goncourt, plusieurs romans consacrés à l'éducation des
filles, d'autres basés en Amérique ou en Afrique, la résidente d'Aix-en-
Provence revient sur ses pas pour offrir l'autre face de l'histoire.
C'est qu'entre-temps elle a reçu une lettre d'une lectrice lui reprochant
de s'être moquée de leur communauté. La lectrice se révèle être Mme
Dubois, veuve de l'administrateur qui régnait sur ce petit poste français
de Batouri, village du fin fond du Cameroun à la veille de l'indépendance.
La narratrice retrouve Mme Dubois, constate sa fin de vie misérable et
solitaire en France et entreprend de raconter l'époque de sa splendeur,
lorsque, convaincue de sa mission civilisatrice, dans une sorte de folie
émouvante et ridicule, elle tentait de vivre selon son rang de première
dame de Batouri alors qu'autour d'elle tout se déglinguait.
Naviguant entre passé et présent, Paris et Batouri, souvenirs et fiction,
C'est fort la France! réussit le tour de force de manifester une
empathie certaine pour ces colons confrontés aux mystères de l'Afrique
tout en gardant intacte l'ironie féroce et jouissive dont Paule Constant
fait à merveille preuve depuis Ouregano. Terreau de sa vocation
d'écrivain, cette enfance mène ici à une réflexion bouleversante sur la
civilisation et ses fantasmes, l'intelligence des uns qui n'est pas celle
des autres, et la manière dont, romancière ou pas, on construit avec les
briques de son passé une fiction inébranlable.
Isabelle Falconnier
C'est fort la France ! de Paule Constant
En plongeant dans C'est fort la France !, le
lecteur ne se sent guère dépaysé. L'Afrique, les Noirs, les Blancs...
Paule Constant convoque le même décor que dans son premier roman, Ouregano.
Mais son interprétation de l'histoire coloniale se veut plus nuancée.
Persuadée qu'« il n'y a pas de vérité, mais des points de vue », l'auteur
confronte les souvenirs de deux femmes, témoins, dans les années 1950, de
la colonisation au Cameroun : Madame Dubois, épouse nostalgique d'un
fonctionnaire, et la petite fille d'un médecin, alors âgée de 6 ans,
découvrant l'Afrique depuis un hôpital de brousse. Le décalage entre leurs
regards se révèle aussi comique que saisissant.
E. C.
Le Soir (Bruxelles), 22 février 2013.
C'est fort la France ! de Paule Constant. Deux versions d'une même réalité.
Quand elle a publié Ouregano,
son premier roman, en 1980, Paule Constant s'est fait incendier sur le
plateau d'Apostropnes par Jean Cau.Celui-:ci ne partageait pas la
vision de l'Afrique qu'elle s'était forgée lors des années d'enfance
passées dans cette région du monde. Jean Cau n'était pas le seul. Une
lectrice s'en prenait à elle : "Elle m'accusait d'avoir roulé dans la
boue les fonctionnaires coloniaux, de ne rien comprendre au colonialisme
et de cracher dans la soupe qui m'avait nourrie." Cette lectrice,
Mme Dubois, femme de l'admînistrateur local et personnage d'Ouregano,
avait vécu les mêmes événements. La romancière retrouve cette femme, lui
parle et la confrontation des deux versions fournit l'ossature de son
nouveau roman.
La nouvelle académicienne Goncourt s'est autorisé toutes les libertés.
Entre ce qui a l'apparence du vrai et ce qui a réellement été à l'origine
de C'est fort la Françe !, l'écart est peut-être considérable.
Il s'agit pourtant bien de proposer, dans le même livre, !'endroit et
l'envers d'une même réalité, les bienfaits et les méfaits de la
colonisation.
Le résultat est formidable,
Mme Dubois est plus pathétique que ridicule, noyée par ses rêves de
grandeur et l'obsession d'être à la hauteur
du pays qu'elle croit représenter. Surtout, la galerie de portraits dont
Paule Constant peuple Batouri fournit la matière d'une étude de cas
intéressants. Parmi eux, Bodin, qui vaccine à la volée et finit par
provoquer une épidémie due â sa négligence. Et tant d'autres, plus vrais
que nature.
P. My
Un livre un jour : C'est fort la France ! de Paule Constant.
Vidéo (2min57)
Olivier Barrot
Librairie Thuard (Le Mans), le blog, 25 février 2013.
C'est fort la France ! Paule Constant
Dans les années 80, Paule Constance a écrit plusieurs
romans dans lesquels elle se servait de ses souvenirs d'Afrique, où elle a
vécu étant enfant. Fille de médecin, elle a été élevée dans village du
Cameroun: Batouri. L'auteure reçoit un jour une lettre d'une certain Mme
Dubois, qui n'est pas du tout d'accord avec ce qu'elle dit de la
colonisation.
Cette femme a bien connu Batouri puisqu'elle était la femme de
l'administrateur colonial. Les retrouvailles de ces deux femmes vont être
l'occasion de confronter deux visions diamétralement opposées de la
colonisation.
C'est l'occasion pour l'écrivain de décrire le petit milieu colonial avec
ses rites, ses personnages haut en couleur, ses ridicules. Au milieu de
cette foule bigarrée trône Mme Dubois, fraîchement débarquée de sa
Normandie natale, toute dévouée à son administrateur de mari, ferme avec
ses boys et tentant coûte que coûte d'inculquer à tous les usages de la
bonne société française dont elle se veut la représentante. C'est elle la
véritable héroïne tragicomique de ce roman qui dénonce avec malice les
absurdités de la colonisation.
La société de Batouri est une société de castes, où noirs et blancs en se
mélangent pas, où les rapports humains sont déterminés par la race et le
rang social, et où le tragique peut surgir à tout moment.
Un très bon livre sur un sujet difficile qui ne sombre jamais dans le
manichéisme.
Jean
La Plume francophone, 1er mars 2013.
Paule Constant, C'est fort la France !
Histoires
coloniales (après les 1ères lignes, cliquer sur
"Lire la suite" pour obtenir le texte complet.)
Sandrine Meslet
Les Afrique fantômes
d'une dame blanche
Paule Constant nous plonge dans les années 1950 au Cameroun et
l'existence ratée d'une femme mal-aimée.
Dans son dernier roman, Paule Constant (prix Goncourt pour Confidence
pour confidence, 1998, Gallimard) nous livre le point de vue de la
femme d'un administrateur des colonies, Madame Dubois, durant les années
1950 en Afrique. Cette moyenne bourgeoise de brousse seulement esquissée
dans Ouregano (Gallimard,
1980), a suivi son époux à Batouri, au fin fond du Cameroun. La ville,
située à quatre cents kilomètres de Yaoundé la capitale, doit sa naissance
à la maladie du sommeil transmise par la mouche tsé-tsé, l'antenne
médicale ayant été installée en pleine zone endémique. Esprit obtus, à
cheval sur les principes, Madame Dubois a beau faire des efforts, elle
appréhende l'Afrique comme beaucoup de fonctionnaires blancs à partir de
ses préjugés, voire de ses fantasmes, et toujours en regard d’une France
qui symbolise l’ailleurs. Le titre de l'œuvre, C'est fort la France !,
n'est autre que l'expression ironique prononcée par Djébé, son "boy",
quand elle lui vante l'ampleur des pis des vaches normandes. Ni belle ni
laide, vite fanée par ce climat impossible, cette femme entre deux âges
inconsistante et maltraitée par son époux, un petit homme alcoolique et
sans prestance, finit par paraître sympathique au point qu’on dirait que
Paule Constant a voulu brosser le portrait de la féminité délaissée.
Perdue dans un monde qui la dépasse, Madame Dubois est désireuse de mettre
des mots sur ce qu'elle ne comprend pas. Une fois veuve, elle échoue dans
une chambre de bonne d'un quartier chic de Paris où elle reconstituera son
Afrique fantôme, après un retour honteux au pays natal.
Aucune approche sociologique apparente dans cette sorte dc roman colonial
à la fois pince-sans-rire et empreint d'une sagesse « africaine », qui
nous emmène dans les coulisses de la sempiternelle « mission civilisatrice
» de la France. Outre Madame Dubois, Paule Constant dépeint une romancière
(autoportrait ?), fille d'un médecin blanc volontaire pour Batouri, ce qui
lui permet la mise en tension de deux mémoires confrontées à la même
microsociété. C'est fort la France ! raconte quelques épisodes
gratinés des mentalités d'alors : administration incompétente, trafics de
viande et de médicaments, "grand silence vaccinal" face aux
ravages d'une épidémie de gangrène gazeuse, susceptibilités tribales mal
comprises. En sous-main, elle laisse entendre la dissidence noire qui
sourd de cette Afrique, dont elle écrit n'avoir qu'"une expérience
brute et des souvenirs d'enfant pour tout savoir", Paule Constant a
su tirer le matériau de plusieurs fictions.
M. S.
Le Nouvel Observateur (Blogs > Invités Obs > Des livres et moi), 28 mars 2013.
Paule Constant, la bête à humour
Marie-Dominique Godfard
La Cause Littéraire, 30 avril 2013
C'est fort la France !, Paule Constant
Theo Ananissoh
Le Courrier (Genève) 19 mai 2013
Eugène Ebodé
Accents des Bouches-du-Rhône, juin 2013
Oui, c’est fort la France !
Avec un titre qui prête déjà à sourire "C'est fort la France", le dernier
Iivre de Paule Constant nous entraîne dans un voyage jubilatoire au fin
fond de l'Afrique noire des années 1950. A Batouri, loin de partout, à 400
km de Yaoundé, où sévit dans les années 1950 une tribu de blancs mandatés
par notre beau pays, la France, "pour civiliser des territoires sauvages”.
Tout est rare à Batouri, l'eau, l'électricité, les médicaments, et
pourtant chaque jour on y célèbre la grandeur de la France qu'on idéalise
et dont on ne cesse de vanter les vertus et les richesses, les vaches
normandes et l'argenterie grand siècle, à une armée de boys toujours au
garde à vous.
L’héroïne de cette fresque hilarante est Mme Dubois, épouse de
l'administrateur de cette petite colonie perdue dans la brousse, infestée
de moustiques.
Pour avoir vécu une grande partie de sa vie outre-mer, Paule Constant
maîtrise à la perfection ses personnages : Madame Dubois, la petite
d'Yvetot, grisée par son ascension depuis ses épousailles, campe à
merveille "la France qui reçoit” imposant
Noël sous les tropiques, et bal déguisé pour le 14 juillet. Un tout petit
monde que cette tribu de blancs arc-boutés sur leurs utopies tandis
qu'autour d'eux tout fout le camp, Conflits ethniques, pénurie de
médicaments, malversations aiguisées par des margoulins...
Et quand la révolte gronde, tout devient alors possible. Inutile de
rejouer Austerlitz, la simple mort d'un phacochère peut à elle seule
changer l'Histoire, la grande, le destin de toute une colonie! Avec un
humour décapant, Paule Constant cisèle toutes les turpitudes et péripéties
des colons de Batouri. Mais campe aussi leurs faiblesses face à une
solitude immense.
"C'est fort la France" est ainsi un livre très drôle, plein de mordant
mais où l'on sent cependant de la tendresse, de l'empathie envers ces
exilés qui quittaient leur famille, leurs attaches, sans savoir qu'ils
seraient un jour plus vraiment de France, ni d'ailleurs; étrangers ici et
dans leur propre pays.
C. C.
Mon livre du moment : "C'est fort la France !" de Paule Constant.
Les amis qui vous font découvrir un univers littéraire sont
précieux. Je me sens donc un peu plus riche depuis que j’ai découvert,
grâce à une amie, que Paule Constant était une conteuse douée, qui sait se
perdre dans les détails d’une fiction tout droit sortie de son imagination
pour en sortir une vérité universelle, décapante ou fertile – (dont j’ose
espérer qu’elle existe, dans ma vanité d’auteure en devenir). Ce roman,
qui mérite pleinement cette classification, bien que prenant la forme d’un
récit d’enfance, porte d’abord un titre étonnant, et en fait, à mon sens,
pas très attrayant, à une époque où insérer le mot France en haut d’un
texte suscite immanquablement toutes sortes de soupçons. On devine
pourtant l’ironie sous-jacente derrière cette exclamation à la bonne
franquette, qui revient à deux reprises plutôt grinçantes au cours du
récit.
Dans cet opus de Paule Constant, un regard sur l’entreprise coloniale
française, on est dans un décalage permanent et particulièrement bien
mené. Décalage à la fois dans l’angle d’attaque – une Afrique comme on
n’en parle peu ou pas-, et dans le temps – puisque les personnages
(fictifs) revisitent leur passé (tout aussi fictif), selon le principe de
reconstruction inhérente au travail de mémoire. Tout d’abord, la forme. Je
reprends ici quelques mots de la quatrième de couverture, car je ne
saurais mieux résumer le récit. « Une romancière reçoit une
lettre lui reprochant de s’être moquée, dans son dernier livre, des
charmes de la vie coloniale, et surtout d’avoir masqué les vrais drames
qui s’étaient déroulés trente ans plutôt à Batouri, dans un coin perdu
du Cameroun. Lui rendant visite à Paris, elle reconnaît dans sa
correspondante madame Dubois, la femme de l’Administrateur qui régnait
sur ce petite poste français au cœur de la brousse lorsqu’elle-même
avait six ans. En comparant ses souvenirs avec ceux de madame Dubois, la
narratrice fait renaître dans une évocation féroce, véritable apocalypse
comique, ce monde disparu aux couleurs de l’Afrique, où madame Dubois
maintenait les rites surannés d’une métropole idéalisée. »
Les faits évoqués se déroulent donc, on l’aura compris, avant
l’indépendance, dans un arrière-arrière poste où n’accèdent que ceux qui
n’ont eu ni les compétences ni l’entregent d’obtenir mieux. Le monde y est
hostile. Pourtant, Madame Dubois se bat, en toute sincérité, chaque jour
qu’un Dieu fait (dont on doute qu’il soit bienveillant), pour être à la
hauteur d’une image d’Epinal de la France dont elle sait finalement assez
peu, l’ayant quittée tout juste unie à son administrateur des colonies de
mari. Page après page, on assiste à une démythification autant qu’à une
démystification sans complaisance de cette vie des Blancs métropolitains
soi-disant bien installés au frais de la République, en fait étrangers en
cette terre de soleil, déracinés, méprisés chez eux, plongés dans cette
réalité diminuée, condamnés à nager entre deux eaux.
L’originalité de cette langue tient dans la forme à sa poésie et dans le fond à cette ultime transcendance des clichés, qui décrit une vie dure, isolée, peu enviable, où ceux qui se croyaient bien intégrés étaient, dans leurs meilleurs jours, tout juste tolérés. Où les conventions absurdes d’une métropole qui se fichait bien d’eux tenaient lieu d’agenda et apportaient un semblant de sens au quotidien, tel un coq gaulois non averti du décalage horaire mais dont on ne mettrait pas en doute l’instinctive ponctualité. Où le ridicule le disputait au sordide, où les bonnes intentions s’arrêtaient au choc des civilisations. Où les porteurs de bonnes intentions n’avaient que peu d’intérêt pour les pays qu’ils se croyaient investis de sauver, mais beaucoup, en revanche, pour celui – au drapeau tricolore – auquel ils étaient si fiers d’appartenir. La démonstration d’une illusion, féroce et tendre à la fois, orchestrée méthodiquement, sous le faîtage d’une plume riche, précise, comique et… exclamative.
Céline Malraux
http://celine-malraux.com/mon-livre-du-moment-cest-fort-la-france-de-paule-constant/
Yassi Nasseri, 26 septembre 2103
Les souvenirs de ma réalité.
Quel délicieux roman que cette dernière publication de Paule Constant.
Comme c’est bon de lire la plume d’une romancière dans l’âme. Car qui donc
pourrait nous charmer, aller jusque nous faire aimer une protagoniste
parfaitement quelconque voire légèrement méprisable par moments ?!
L’épouse d’un petit homme devenu administrateur dans une région reculée
d’Afrique a perdu sa France, perdu sa place parmi les siens, perdu aussi
la capacité d’engendrer. Elle s’ingéniera alors à construire un monde
solide qui sera sa France en Afrique. Fatalement de retour en France,
oubliée de tous il lui faudra bâtir son Afrique en France, dans un tout
petit appartement parisien…
Par son malheur, dont le dérisoire forme la tragédie, elle sera touchante.
De ses lunettes de vue à petite portée elle nous offrira un aperçu grand
écran de la colonisation et surtout de la réalité cachée de ce continent
Africain, envoutant et complexe s’il en est.
La narratrice est une jeune écrivaine qui a élaboré un roman centré sur
l’Afrique qu’elle a connue lorsqu’elle avait six ans, aux côtés de ses
parents expatriés. Notre fameuse épouse de l’Administrateur, en poste à
l’époque dans ce même village, s’insurgera contre cette narration peu
fidèle sà la réalité selon elle. Leur rencontre pourra faire renaître ce
monde surgi du passé…
Yassi Nasseri
http://www.kimamori.fr/au-gre-des-voyages/les-souvenirs-de-ma-realite/#more-3780